La Moldavie, appelée historiquement la Bessarabie, est connue pour avoir été la patrie de nombreux juifs dans l’histoire.
Les juifs ont vécu dans la région depuis la fin du XIVème siècle. On estime que la sanglante guerre civile polono-lituanienne de 1648 encouragea nombre d’entre eux à venir se réfugier en Moldavie pour fuir les massacres.
A la fin du XIXème siècle, il y avait plus de 230 000 juifs en Moldavie, l’équivalent d’environ un tiers de la population totale. Dans la capitale Chisinau, ils représentaient même 50% des citadins.
Le pays était un centre culturel d’importance pour la littérature yiddish et hébraïque. Plusieurs synagogues furent construites dans les villages comme dans les villes. La capitale Chisinau comptait par exemple 70 synagogues et seize écoles juives.
Malheureusement le début du XXème siècle marqua le début d’une longue et grande vague d’émigration forcée. Un antisémitisme exacerbé s’installa progressivement et un terrible pogrom éclata en 1903, apparemment avec l’appui de la police du Tsar de Russie. Les violences éclatèrent le 6 et 7 avril et 49 juifs furent massacrés par la population (et plus de 500 blessés). Leurs maisons furent pillées et détruites et plus de 2000 juifs se retrouvèrent du jour au lendemain sans toit.
Le 28 avril, le New York Times écrivit à propos de ce dramatique évènement :
Les émeutes anti-juives de Kichinev, Bessarabie, sont pires que ce que le censeur autorisera de publier. Il y a eu un plan bien préparé pour le massacre général des Juifs le jour suivant la Pâques russe. La foule était conduite par des prêtres, et le cri général, « Tuons les Juifs », s’élevait dans toute la ville. Les Juifs furent pris totalement par surprise et furent massacrés comme des moutons. Le nombre de morts s’élève à 120 et les blessés à environ 500. Les scènes d’horreur pendant le massacre sont indescriptibles. Les bébés furent littéralement déchiquetés par la foule frénétique et assoiffée de sang. La police locale ne fit aucune tentative pour arrêter le règne de la terreur. Au coucher du soleil, des piles de cadavres et de blessés jonchaient les rues. Ceux qui purent échapper au massacre se sont sauvés, et la ville est maintenant pratiquement vidée de ses Juifs.
Plusieurs intellectuels russes dont les grands écrivains Léon Tolstoï et Maxime Gorki dénoncèrent cette flambée de violences.
Deux ans plus tard, le 19 aout 1905, l’horreur recommença avec un bilan de 19 juifs assassinés et 56 blessés.
L’horreur pour autant ne cessa pas. En juin 1941, lors de l’invasion de l’URSS par l’Allemagne Nazie, la Roumanie fasciste du maréchal Ion Antonescu (surnommé le “Pétain roumain”) entre en guerre et s’empare de la Moldavie. Cette occupation se traduit par une politique antisémite féroce et l’extermination d’une grande partie de la population juive locale. On estime que moins d’un cinquième de cette population a survécu.
L’après guerre sera la période de l’exil pour une grande partie de la communauté. Beaucoup partiront en Israël, aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest.
Le cimetière juif d’Orhei : témoin du passé
La ville d’Orhei est située dans le Centre-Est du pays à 41 kilomètres au nord de la capitale Chisinau.
Les premiers enterrements ont eu lieu probablement à la fin du 17eme siècle, ce qui en fait un des plus anciens cimetières juifs de la région.
On y trouve plus de 4000 pierres tombales sur une superficie d’environ 400 000 mètres carrés. Les lieux sont quasiment abandonnés et la végétation est abondante.
A la fin du XIXème siècle, 80% de la ville était de confession juive (environ 32.000 personnes). Aujourd’hui, il ne reste environ que 100 israélites.
Ce cimetière permet de mesurer l’importance de cette communauté et sa quasi disparition en l’espace de 80 ans.
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